Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Etudiants Ste Eu
Etudiants Ste Eu
Publicité
18 janvier 2009

Questions à l'intervenant sur la souffrance

Questions préparées :

·               Quelles sont les expériences que vous avez recueillies de cheminement de personnes malades, ou leurs proches, dans l'acceptation ou le refus de la maladie et de la souffrance ?

·                     Comment les personnes que vous rencontrez, qui souffrent dans leur chair, font pour le vivre de manière chrétienne ?

·                     Comparaison malades/souffrants chrétiens et non chrétiens : y a-t-il une différence dans la manière dont ils vivent leurs mals et leurs souffrances ?

·                     En tant que prêtre, en tant que chrétien  comment vivez-vous personnellement tout ce que vous voyez ? êtes vous parfos déçu, devant un cnstat d'impuissance ?

·                     Comment accompagnez-vous ces personnes qui souffrent ? Leur famille ? Comment leur dire que Dieu est amour alors qu'ils souffrent terriblement ?

·                     Est-ce possible de partager, et par là de soulager, la souffrance d'autrui ? De lui donner vraiment sens ? Souffrez-vous pour eux ? Cela peut-il les aider ? Avez-vous une « méthode » ?

·                     Au regard de votre expérience, en quoi les malades et les souffrances sont-ils aidés par Dieu ? qu'apprend-on de la souffrance ?

Intervention du père Jean Ariel

aumônier de l'hôpital pour les cancéreux de Bergonier depuis 2002. Le père a rappelé son appréhension initiale face aux malades (au moment où il a été appelé pour remplir sa fonction ) ; Dieu nous donne l'intelligence et la volonté, et rien n'est possible sans sa grâce.

1/ le cheminement des malades dans l'acceptation et le refus de la maladie

le cheminement des malades est d'abord celui d'une évolution un peu comme la sainteté : l'épanouissement de l'intelligence et de la volonté, en adéquation à la volonté de Dieu.

Chaque personne est différente, et sa participation sera donc différente. Il y a des expériences très belles et d'autres non : parfois, l'âme reste prisonnière de la souffrance, la personne se referme sur elle-même. Mais Dieu est tout-puissant, et arrive à toucher le coeur de l'homme, et il en résulte qu'il y a peu de cas d'endurcissement. En se dépassant soi-même, son corps souffrant, on devient saint.

La loi de l'incarnation : Jésus a pris chair en nous. Notre chair a pris la divinité de Jésus : l'homme n'est pas un ange, c'est une synthèse d'âme et du corps. La chair reste donc, et ainsi la souffrance. La souffrance est là, mais Dieu aussi : nous ne sommes pas seuls, et Dieu est plus grand que tous. Le Christ est donc proche de nous, le Christ souffrant sur la croix (" mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? »).

On se rend proche du Christ sur la croix parce qu'on accepte sa souffrance, en faisant preuve de volonté, celle de s'abandonner totalement à Dieu. Parallélisme avec Marie : Marie vie le paroxysme de la souffrance (" une épée te transpercera l'âme") mais elle est debout, parce qu'elle porte aussi la foi (voilà pourquoi elle est la mère de l'Eglise).

Le mal est une défaillance dans notre nature, qui n'est pas de la volonté de Dieu. Dieu ne veut pas la maladie, la souffrance ni la mort, mais le permet : il tolère le mal, car c'est pour nous, d'une certaine manière, la possibilité de le rencontrer, d'en tirer un bien plus grand, d'accéder à la sainteté : combien de fois entend-on : « si je n'avais pas souffert, je n'aurais pas rencontré Dieu » ? Et ce, même si la mort vient. Souffrez à Dieu ne fait pas souffrir moins , c'est s'ouvrir à une vie universelle qui nous dépasse. Ce n'est pas perdre quelque chose : avec la mort, je gagne la vie, rien n'est perdu. Il faut encore rappeler la croix : le Christ meurt, il n'est plus visible aux yeux, mais il est toujours présent dans la foi. De même, même après la mort, Dieu nous permet encore d'accomplir le bien pour notre famille : Saint-Paul : c'est par la mort que nous portons du fruit (comme l'épi de blé). Le père Ariel a évoqué le cas de malades qui meurent en laissant une grande paix autour d'eux, et en restant présent même après leur mort (Dieu ne les a pas "arrachés" à leur famille).

2/ Comment les malades chrétiens vivent-ils leur souffrance ?

Il y a des chemins de conversion : certains non pratiquants deviennent plus chrétiens. Certaines personnes d'autres confessions (Islam) demandent la présence du prêtre. Cependant, les miracles sont rares : un miracle est la mise entre parenthèses de loi naturelle pour être le signe d'une guérison intérieure, le signe extérieur de la conversion.

3 / comment savoir quoi dire ? comment dire que Dieu et amour ?

On ne le peut pas. Souvent, l'accompagnement d'un souffrant se contente de la seule présence, qui est déjà rassurante. Il faut écouter les inquiétudes : c'est le malade qui lance les sujets dont il envie de parler. Parfois, on n'a pas de réponse à apporter : il faut respecter ses limites et ne pas vouloir "débiter son discours" préparé à l'avance. Il n'y a pas de phrases toutes faites, il ne faut pas en inventer.

4/ peut-on souffrir pour l'autre ?

Oui, mais cela est rare. Est-on capable de cela ? Seul Dieu sait la capacité de l'âme de chaque homme à supporter la souffrance. Parfois, on croit pouvoir être plus utile en portant la souffrance de l'autre, on le sous-estime et on se surestime. Dieu nous donne une mission en fonction de nos capacités. notre mission est plus l'accompagnement, le témoignage de notre foi, ainsi que l'intercession. On ne peut pas savoir comment Dieu aide le souffrant. Il faut se déposséder de son propre accompagnement : on peut être déçu (je n'étais pas là, je n'ai pas fait ça...). L'accompagnement nécessite un apprentissage et une préparation, voire une aide psychologique.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité